Un homme, une valise, des lettres

11 mai 2010

La Stratégie du Minotaure, d'Elisabeth Rossé. Création au théâtre Koltès à Nanterre du 28 au 30 octobre 2009.

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  • Vue de la scène du théâtre Bernard-Marie Koltès : les rideaux sont entrouverts, on aperçoit les sièges vides de la salle. Nanterre, octobre 2009.

    Le théâtre Bernard-Marie Koltès avant la représentation de La Stratégie du Minotaure".

  • Vue de la scène avant la représentation, derrière un caddie de supermarché, deux comédiens se parlent en coulisses. Nanterre, octobre 2009.

    Avant la représentation, Philippe Quercy, le père, et Michel Bailet, le clochard, viennent d'arriver.

  • La scène avant la représentation, les rideaux sont fermés, une comédienne arrange deux voiles bleus attachés à ses bras par des rubans, près d'un comédien en pull-over orange. Nanterre, octobre 2009.

    Julie Léger, une choreute, Michel Santelli, le père épistolaire, et bientôt, le lever de rideau.

  • Avant la représentation, des comédiennes habillées de noir et un comédien en pull-over orange s'encouragent en se tapant les mains. Nanterre, octobre 2009.

    La troupe est prête à jouer, les acteurs s'encouragent avant d'entrer en scène.

  • Derrière la silhouette d'une violoniste assise, les deux pères en pull-over orange et une choreute, en noir, avec un abat-jour sur la tête. Nanterre, octobre 2009.

    Le père épistolaire : "Comment se reconnaîtra-t-on ? Je ne suis pas très grand, tu sais. Mes cheveux sont maintenant poivre et sel. Je n’ai plus de barbe - te souviens-tu que j’ai eu de la barbe ? Je porterai une écharpe jaune".

  • Le père en imperméable et le jeune homme se précipitent vers la valise. Au fond, une choreute assise sur un banc, une autre debout derrière. Nanterre, octobre 2009.

    Le père : " Psstt ! Ma valise ! Ma valise, jeune homme ! Je vais au terminal de bus. Je pars en voyage.".

  • Le père, assis sur sa valise tandis que le chœur tourbillonne autour de lui. Nanterre, octobre 2009.

    Le père épistolaire : "Le mariage, c'est l'entrée des artistes, et la vie à deux le début d'une danse : invitation, regards vers l'autre, yeux clos, regards sur le côté, esquives, pas chassés, la piste est vaste, la nuit est longue...".

  • Entre le père en imperméable, plié au-dessus de sa valise, et le père épistolaire en pull-over orange en train de déclamer, deux choreutes dansent ensemble. Au fond, la violoniste. Nanterre, octobre 2009.

    Le père épistolaire : "Mais tu as sans doute pris le temps de voir, de sentir, de comprendre les choses et les gens, et je suis fier de te voir maintenant prendre ta place d'homme."

  • Le père en imperméable semble fasciné par la danse d'une choreute blonde. Au fond, dans la pénombre, le fils écrit à une table, et la violoniste. Nanterre, octobre 2009.

    Le fils : "Dans ce rêve je suis dans les bras d’un labyrinthe de pierres rouges.(...) Si je sors, je ne verrai jamais ce qu’il y a au centre du labyrinthe. Si je continue, si je m’approche de ce que je pense être un monstre, est-ce que je sortirai jamais ?".

  • Le père en imperméable, debout près de sa valise avec une expression de désarroi, semble soutenu par une choreute. Nanterre, octobre 2009.

    Le père : "Allez ! Qu'il me porte donc, ce bagage, puisqu'il paraît qu'il peut le faire ! J'aimerais bien, en tout cas, que cela soit possible : direct, Chinatown ! Direct, JFK ! Direct, Paris !".

  • Assis au bout d'une longue table à tréteaux, le fils parle avec le père épistolaire, de dos au premier plan, en pull-over orange. Nanterre, octobre 2009.

    Le fils : "Le labyrinthe de mon cauchemar ! Si c’est bien lui, je ne vois qu’une issue possible, celle de la confrontation entre la bête et l’homme, entre mon intuition et ton savoir.".

  • Plan large de la scène, tous les personnages alignés : le fils, le chœur, le père en imperméable avec sa valise et le père épistolaire. Au fond, la longue table à tréteaux sous laquelle sont rangés des caisses aux couleurs vives. Nanterre, octobre 2009.

    Le père : "Je n’allais pas prendre un plan, quand même !" Le fils : "Et dis-moi alors, aurais-tu pris quelque chose qui ne t’appartiendrait pas ?" Le père épistolaire : "(...) Ma vie m’appartient, les quelques bricoles que j’ai mises dans ma valise aussi .".

  • Deux bras d'une choreute dépassent derrière le père en imperméable, penché près de sa valise, autour duquel le chœur évolue d'une façon menaçante. Nanterre, octobre 2009.

    Le père : "Bien sûr, ces bus se trouvent dans un des seuls quartiers tarabiscotés de la ville !".

  • Le chœur se resserre autour du père en imperméable, accroupi près de sa valise dans une position de défense. Nanterre, octobre 2009.

    Le père : "J'avais misé sur le caractère aventurier de ma jeunesse pour me dégourdir les jambes avant le vol. Décidément, les années me rattrapent comme il faut !".

  • Devant une enseigne Air France, le père en imperméable, le visage tourné vers le ciel. Plus loin, le père épistolaire assis sur un banc l'imite. Nanterre, octobre 2009.

    Le père : "Je suis ici. Parce que je dois être là. Je suis ici. Dans quelques minutes je pourrais être de l'autre côté de cette porte. Me laisser embarquer. Mais peut-être je serai encore là. Ici.".

  • Le père, les mains jointes, les paumes ouvertes, devant un voile à travers lequel on aperçoit le chœur, comme en train de contempler des vitrines. Nanterre, octobre 2009.

    Le père : "Quel étalage, cette zone sous douane ! (...) Les désirs braillent lorsque plus rien n'a de prix. C'est bon, ça... comme un bon cigare avant une exécution capitale.".

  • Le père assis sur un banc, tourné vers le père épistolaire qui lui parle, près du chœur regroupé avec des mines indignées. Nanterre, octobre 2009.

    Le père : "Elles ont bien dû vous attirer un peu, mes élucubrations, n’est-ce pas ? Les gens s’abreuvent de vérités qu’ils n’osent pas dire eux-mêmes... tout en prenant bien soin d’en alerter la douane afin d’éviter qu'elles ne prolifèrent. On ne sait jamais !"

  • Le jeune homme jongle avec des balles rouges. Au fond, le père se dirige vers lui, une balle dans la main, et la violoniste. Nanterre, octobre 2009.

    La pervenche : "Tiens, vous savez faire ! Félicitations ! Mais ce n’est pas sûr que ce soit autorisé par la loi, ça, de s’immiscer dans un jeu sur la voie publique.".

  • La pervenche, les mains levées en signe d'exaspération, entourée du père de dos et du chœur qui semblent chercher à attraper une balle. Nanterre, octobre 2009.

    La pervenche - s'interposant entre le jongleur et le père et interceptant la balle : "Police ! fini de jouer !". L'homme jeune, sortant de scène : "Et le spectacle continue !".

  • Accroupi parmi les choreutes qui déambulent vêtues de frippes, le clochard, l'air inspiré, tient un miroir. Nanterre, octobre 2009.

    Le clochard : "Voyez, je n’suis personne. Je peux mettre n’importe quoi, c’est l’avantage. Et plus je mets n’importe quoi plus je passe inaperçu. Regardez ce costume ! Très classe, hein ? Et ben sur moi i fait pas classe du tout ! Il fait cloche ! Ha ha ha !".

  • Le père, penché, parle au chœur recroquevillé au sol parmi les frippes. Nanterre, octobre 2009.

    Le père : "Si je me love en moi, je vois le monde entier défiler en images, se décomposer en pas de danse tribale, en chutes d’étoffes molles et inodores.".

  • Le clochard, les bras levés, écartés, accroupi au sol à côté du père, près du chœur et des frippes. Au fond, la table à tréteaux et ses caisses rouge et jaune. Nanterre, octobre 2009.

    Le clochard : "Allez, allez, ne te laisse pas abattre comme ça ! Regarde-moi ! Là... c'est ça... regarde-moi dans les yeux... est-ce que tu me vois ? Regarde ! oui... c'est mieux... comme ça...".

  • Le père, en pull-over orange, assis par terre parmi les frippes, et le clochard en train de s'asseoir, une main à terre, l'autre sur le cœur. Nanterre, octobre 2009.

    Le clochard : "La promenade n'est pas finie... Tu as encore des tas de choses à raconter... des tas de choses à voir au fond de toi... au fond de moi... à raconter... raconter le monde... Allez !".

  • Le père, agenouillé devant son fils qui lui sourit en faisant le geste de le relever. Nanterre, octobre 2009.

    Le fils - relevant doucement son père : "Tu as tué l'animal enchaîné qui nous éloignait depuis si longtemps, qui parasitait notre vie de ses mugissements.".

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