Baye Fall : le djihad intérieur
« Un Baye Fall est un noble, un serviteur de Dieu ». Voilà ce qu’ils veulent que l’on sache d’eux en premier. Ils se définissent aussi comme les bras utiles des Mourides, la plus grande confrérie musulmane du Sénégal.
Immédiatement reconnaissables, ils vont pieds nus, en signe d’humilité. Les dreadlocks cachées sous des bonnets et les boubous en patchworks de wax rappellent leur rejet des biens matériels. Les chapelets, talismans et photos qui encombrent cous et poignets symbolisent la dévotion et la soumission à leur guide spirituel, au fondateur du mouridisme Cheikh Ahmadou Bamba, et à son fidèle disciple et serviteur Mame Cheikh Ibrahima Fall.
C’est l’exemple de ce dernier que les Baye Fall suivent dans leur vie d’humilité, de travail et de mendicité. Pour Ibrahima Fall, le travail permettait le dépassement de soi dans l’effort, et était prioritaire sur la prière et le jeûne. Au Sénégal, beaucoup de Baye Fall œuvrent dans les champs ou sur les chantiers de leur cheikh, en général un descendant d’Ibrahima Fall, voire d’Ahmadou Bamba. Ils se retrouvent à la fin de la journée dans les daara, où ils vivent, pour échanger sur le Coran, les mythes mourides et les enseignements du cheikh. Pour ces talibes (étudiants islamiques), l’Islam ne parle que de tolérance – « Dieu seul juge », d’ouverture, de pardon et de paix.
Touba, Sénégal, février 2008.